02/12/2008

Sentier de l'Imbut

Département : Var (83)
Massif : Verdon
Altitudes (min-max) : 562m-878m
Longueur : 7Km (environ)
Dénivelé (positif-négatif) : 400m-400m (environ)
Difficulté : 3/5

Cette randonnée comporte des passages délicats et exposés. Elle est déconseillée par temps de pluie ou de brouillard ainsi qu'aux personnes pas assez expérimentées.

(Sortie effectuée le 21 avril 2007)
Situées à la frontière du Var et des Alpes de Haute Provence, les gorges du Verdon sont un lieu de toute beauté. Certes, leurs dimensions ne sont pas comparables à celles de leur cousin américain, le Grand Canyon du Colorado (Arizona). Mais leur longueur et leur profondeur sont tout de même impressionnantes, et offrent un terrain de jeu conséquent aux sportifs amateurs de nature.

Plage au fond du canyon

Peu de sentiers permettent de descendre dans le canyon. Le plus connu et le plus long d'entre eux est le sentier Martel, arpenté par des dizaines de randonneurs par jour à la belle saison. Pour notre première véritable randonnée dans les gorges, nous avons choisi le sentier de l'Imbut. Ce parcours est peut être le plus joli de tous. C'est en tout cas le plus technique et le plus sauvage. Il s'adresse donc à des randonneurs assez expérimentés, car certains passages exposés demandent de l'assurance. Toutefois, il n'est pas très long et à part le final, très raide, le dénivelé n'est pas énorme.

Pour y accéder, prendre la route
D71 (sinueuse à souhait !) reliant Aiguines à Comps sur Artuby, sur la rive gauche du canyon. Se garer au parking à proximité de l'hôtel du Grand Canyon, situé sur la falaise des Cavaliers. Le départ du sentier se trouve 100m en amont, marqué par un panneau en bois rappelant les règles de sécurité. L'idéal est de faire la rando le matin pour profiter du soleil qui éclaire alors les gorges.
Nous l'avons commencé à 9H30, un beau samedi de printemps. Voiture bien fermée (ne rien laisser en évidence), chaussures de marche bien attachées, et c'est parti !

Dès le début, la descente est raide. Et oui, pour une fois ça commence par descendre, canyon oblige ! On suit dans un premier temps le GR (balisage rouge et blanc). Le sentier, en forêt, est très caillouteux. On descend des grosses marches naturelles, parfois aidés de mains courantes et d'échelles métalliques. Si on regarde bien où on marche sans foncer, tout va bien.
Quand la descente s'adoucit, on commence à apercevoir le Verdon, avec sa couleur verte qui lui a donné son nom. Il sera à notre droite jusqu'à la montée, et il ne faudra jamais le traverser. Et pourtant c'est tentant quand on arrive à la passerelle de l'Estellié. Cet ouvrage, moderne et flambant neuf en 2007, permet de rejoindre le sentier Martel. Nous l'empruntons juste pour la photo et pour la vue impressionnante sur le fleuve.

La passerelle de l'Estellié

A partir de maintenant, le balisage est jaune, car nous avons laissé le GR à la passerelle. Nous marchons tout près du fleuve, passant dans des sous bois et sur des plages de galets. Une énorme grotte à un étage borde le chemin. On peut la visiter en grimpant sur une planche en bois. Cela vaut le détour car il est rare de trouver une grotte aussi spacieuse.

Une grotte impressionnante

La suite du sentier devient plus difficile, car il suit le bord du fleuve tout en montant, le tout sur des rochers glissants. Heureusement, plusieurs passages câblés permettent de progresser plus facilement. Nous passons devant un genévrier de 3000 ans appelé le "Vieux Cade". La vue ici est magnifique. Après une grande plage de galets où nous faisons une pause, arrive le célèbre passage du Styx : nous sommes à 15-20m au dessus du fleuve, qui défile lentement et mystérieusement dans un défilé de roches calcaires. Impressionnant ! Une corde partant de la falaise d'en face descend jusqu'au fleuve. Peut être pour des descentes en rappel ? Les gorges sont aussi un lieu réputé pour l'escalade.

Le Styx

Dans le sentier de l'Imbut, il y a une curiosité à chaque étape et on s'en met à chaque fois plein les yeux. Après le Styx vient le Maugué : un passage étroit et glissant où les gorges ne font qu'une dizaine de mètres de large. Il se termine en apothéose par le franchissement d'une corniche creusée dans la falaise.
Nous sommes à 20m au dessus de l'eau, sur un chemin de 70cm de large ! Une chute ici serait fatale, donc ne pas oublier de se tenir au cable. Une plaque rappelle d'ailleurs qu'un randonneur est mort à cet endroit.

La corniche du Maugué

Après ces sensations fortes, deux choix s'offrent à nous : remonter ou continuer encore un peu à suivre le fleuve. Cette dernière solution permet d'atteindre une petite plage appelée le Baou Bénit, qui marque la fin définitive du sentier. Il parait que l'endroit vaut le coup de s'y attarder.
Pour cela, il faut d'abord passer par le chaos de l'Imbut, un franchissement délicat de rochers entourés de crevasses. Des marques blanches permettent de choisir le bon chemin mais ce n'est pas un passage sécurisé : faire preuve de prudence et ne pas y aller si on ne se sent pas. Nous hésitons un peu à l'emprunter, mais c'est le ciel qui décidera à notre place. En effet, des nuages menaçants commencent à arriver et nous préférons faire demi-tour, d'autant plus que la montée s'annonce difficile.

Pour quitter le canyon et rejoindre la route 350m au dessus, il faut monter par le sentier Vidal. C'est une voie ouverte au début du XXème siècle durant les travaux d'aménagement du fleuve. Physiquement, c'est la partie la plus difficile de la randonnée. Techniquement, ce n'est pas simple non plus : imaginez un escalier en colimaçon avec des marches de 50cm creusées dans la falaise. A gauche, le vide. Là encore, danger. Le sentier Vidal est d'ailleurs interdit dans le sens de la descente, seuls les secours sont aménés à l'emprunter de cette manière.

Un gros groupe de randonneurs monte devant nous. Ils profitent d'un passage plus large pour nous laisser passer, et on s'aperçoit qu'un chien de type Labrador les accompagne. Drôle d'endroit pour emmener un animal ...
Après 40 minutes d'une ascension éprouvante et vertigineuse, le sentier Vidal se termine d'abord par le franchissement d'un gros rocher à l'aide d'un câble, à la limite de l'escalade. Une échelle verticale et métallique cloture le tout. Question : comment le Labrador va-t-il monter à l'échelle ??

Fin du sentier Vidal

Sortis du canyon, la vue devient tout de suite plus dégagée. Il est midi, nous mangeons en vitesse notre pique nique et rejoignons la route pour revenir à la voiture, car c'est sûr maintenant, un orage arrive. On pourrait également revenir par la forêt via le GR99. Cette alternative évite la circulation et la grosse chaleur en été. Par contre, on ne profite pas de la belle vue sur les gorges. On se rend bien compte du chemin effectué quand on regarde le fleuve, tout petit en contrebas.
La fin de la randonnée (4Km de route) fut bien moins agréable que le début, car l'orage nous a rattrapé. Trempés et peu rassurés par les coups de tonnerre qui résonnent dans le canyon, on décide de faire du stop. Pas de bol, on croise aucune voiture pendant 1/4 d'heure. C'est finalement un couple d'hollandais en 2 CV (!) qui nous ramènera aimablement à notre véhicule.

Le sentier de l'Imbut vu de la route

A part ce caprice de la météo, ce fut vraiment une superbe sortie : des paysages magnifiques et très variés, des passages épiques et ludiques, et une bonne dose d'efforts. Une rando à faire et à refaire !

Parcours et profil (altitudes approximatives) :

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